
Il n’est pas incongru de comparer ce scrutin à celui européen, au seul nom du principe de subsidiarité.
Le « petit chelem » des dernières élections régionales réalisé par la gauche parlementaire n’aura été possible qu’en raison de l’expression d’une colère, nette, vive, alors que pourtant la consultation ne portait pas sur les grands enjeux nationaux.
Le résultat est aujourd’hui totalement biaisé et ce à plusieurs titres :
- Primo, tout le monde a pu constater une hausse presque indécente des impôts locaux et notamment la part régionale sur la période mais s’expliquant en partie par le …
- … Secundo qui a mis en lumière deux facteurs de hausse, le premier lié au mode de gestion plus dispendieux des exécutifs socialistes et l’autre directement corrélé aux transferts de compétences de l’Etat vers les régions, des transferts nous dit-on insuffisamment compensés
- Tertio, les régions sont aujourd’hui, comme les départements, « menacées » par une réforme territoriale en cours et qui logiquement devrait remettre en cause les périmètres d’action et les prérogatives des élus.
Il serait donc illusoire, au motif qu’un ministre déplaise ou que le chef de l’Etat soit impopulaire, que le vote ne soit conditionné que par ces données macro-économiques et politiques alors qu’en toute logique, la bataille, durant la campagne, devra, si l’on veut conserver la tête froide, de comparer les projets, leur pertinence, leur faisabilité, leur impact économique, sociétal et environnemental.
Le débat politique national a été largement pollué ces derniers temps par l’antisarkosysme primaire de ses opposants, par le chantier initié sur l’identité nationale, par la taxe carbone retoquée ou encore la gestion critiquée de certains dossiers dont celui de la fonction publique.
Mais pour autant, le vote auquel nous avons le devoir et l’honneur d’être convié n’a pas vocation à sanctionner l’exécutif pas plus que la représentation nationale au Parlement. Pourquoi ? Parce que la portée du scrutin, encore une fois, ne sera que territoriale. Et ce dans quatre domaines majeurs que sont le développement économique, l’éducation, la culture et enfin la santé. A l’échelle du territoire.
Bien évidemment, il est de l’intérêt de tous les partis, de la majorité, comme de l’opposition, d’en faire un enjeu national. Et tous ont pour cela deux raisons très égoïstes qui sont de pouvoir mesurer leur poids dans l’opinion d’une part et surtout, d’autre part, à travers les suffrages recueillis, de récolter les fonds publics pour leur action future.
Aux élus locaux des 36.000 communes de France, aux élus des départements, il revient le devoir d’en informer la population sur la portée du scrutin mais aussi surtout sur l’avis qu’émet chaque collectivité locale appartenant à une région sur les projets en lice à l’horizon désormais très proche du scrutin. Car bien évidemment, élus et décideurs locaux savent que nombreux sont leurs plans, projets, ambitions conditionnés par le résultat des élections régionales.
Préférer une liste à une autre ne constitue pas un choix politique au-delà des frontières de la région
Les françaises et les français jugent leur imposition trop lourde, trop pesante, sans en percevoir avec l’acuité suffisante les contreparties en termes de services au public. Cette maltôte qui a été levée au cours des dernières années est partout mal vécue.
Une salvatrice spagirie des programmes proposés ici ou là aux électeurs doit, en revanche, permettre un arbitrage plus indépendant et donc plus sain. Il ne faut pas se tromper de scrutin et surtout ne pas tomber dans les pièges que nous tendent tous les formations politiques en mal de financements et jamais à court d’idées pour heurter, choquer, provoquer, histoire de grappiller encore davantage ces fonds publics qu’elles attendent impatiemment et en l’affichant avec insolence.
Les directives parisiennes des partis à l‘endroit de leurs bras séculiers en province constituent pour ces derniers une cohibition difficilement acceptable et les choix opérés depuis les sièges de la capitale sur certaines listes en régions ne font que confirmer la chose. La meilleure réponse à y apporter n’est autre que le mépris. Seule, l’évaluation des programmes des listes doit primer …
Voilà pourquoi il ne faudrait pas que ce scrutin vous fasse vous esquicher.
Bernard Marx